De la fourche à la fourchette il y a un passage obligé pour tout bovin charolais qui se respecte: Celui du marché aux bestiaux de Saint Christophe en Brionnais, à côté de Lugny les Charolles. Plus qu’un marché, il s’agit d’une véritable institution qui se répète immanquablement désormais tous les mercredis, et où transitent chaque année des dizaines de milliers de bovins. Ici c’est LA bourse à la gîte; à la hampe, à la culotte, à l’onglet, au faux-filet qui déterminera le prix au kilo auquel vous paierez votre bifteck dans quelques jours chez votre boucher. Naguère, ici on né négociait encore qu’en gré à gré. Il existe toujours un cérémonial mystérieux entre les vendeurs et les acheteurs, un rituel secret composé de signes, de murmures dans l’oreille, de clins d’yeux et de mains tapées pour conclure un accord auquel tout spectateur non initié né comprend absolument rien. Né vous y trompez pas, ici, si les tractations se font encore avec un accent rocailleux et des R qui rrrroulent sous la langue, si l’on vient en bleu de travail avec des bottes encore crottées de traces de purin, malgré leur apparente ingénuité, l’habileté des négociations commerciales qui se jouent ici entre les agriculteurs et les acheteurs pourraient reléguer nombre d’arrogants traders financiers vêtus en Hugo Boss, Forzieri et Bexley au rang d’innocents poussins tout juste sortis de l’œuf.Comme chacun sait l’agriculture ça eut payé, mais ça paye plus, faut bien acheter le sel ! D’ailleurs, ici aussi on est passé à l’ère du XXIème siècle. La ruralité côtoie la modernité avec le nouveau marché au cadran. Même si je parie que Jacques Chirac s’y serait volontiers collé, c’est Arnaud Montebourg, député de Saôné et Loire qui a posé la première pierre à cet édifice inauguré récemment. Aujourd’hui dès leur arrivée, les animaux sont lotis, numérotés, pesés. Leur pedigree est affiché sur un écran informatique, les fluctuations des cours de vente sont réactualisées en temps réel, et en moins de deux minutes les enchères sont conclues(ou non) anonymement. Après quelques heures passées au milieu des vaches et des bœufs, il est fort à parier que vous emporterez en souvenir sous vos semelles un peu de ce fameux engrais naturel qui embaumera pour quelques heures l’habitacle de votre véhicule avec ce parfum champètre inimitable qu’aucun petit sapin suspendu né distribue dans le commerce. Alors on en profite, on met Bénabar à fond et on chante tous en cœur Aààààà la campaaaagnnne J’allais oublier: Pour plus d’infos: