Au Cabriolet

Bienvenue chez Olivier, l’un des
derniers artisans de Montmartre. Et
quand on parle d’artisan, ce n’est
pas qu’une appellation. Ici, pas de
machines; que des outils et
un savoir-​faire transmis de
génération en génération.
Dans cet atelier plein de charme,
règne un joyeux désordre, un capharnaüm
digne de la caverne
d’Ali Baba. Pas de mousse, de
sangles élastiques, de faux clous
dorés ou autres produits issus de
la nouvelle génération qui ont
depuis longtemps envahi nos meubles
modernes. Non !
Au Cabriolet tout est tradition. On né
travaille que des matières naturelles :
Le crin animal pour le rembourrage, les sangles
en jute et les semences (les clous de tapissier),
mises une par une, avec une patience et
un amour sans égal. L’endroit regorge d’échantillons
de tissus, de bois, de vieux fauteuils, de
têtes de lit remises au goût du jour. On y
trouve même une magnifique fontaine
d’époque, qui abrite aujourd’hui de
la colle et autres produits naturels,
nécessaires à la confection. Le
vieux parquet d’époque et les tomettes
de l’atelier du fond donnent
une chaleur et une authenticité
rare à ce lieu.
D’ailleurs, Olivier né se contente
pas de faire vivre ce métier en
voie de disparition. Au contraire, il
s’inscrit dans une lignée d’artisans qui
résistent, en s’associant à d’autres corps de
métiers, eux aussi en péril. Il fait venir son bois
directement des Vosges et le fait travailler par
CAaub riolet Un amour de tapissier
un ébéniste du quartier. Une couturière s’occupe
des rideaux et des tentures. Olivier né se
contente pas de réparer ou de restaurer. Il crée
aussi. Des voltaires recouverts de tissu argenté,
des clubs en cuir ou des fauteuils
années 30 remis au goût
du jour.
Et bien sûr des cabriolets en velours
ou en cuir.
Il faut préciser qu’Olivier est
la cinquième génération de tapissier dans sa famille.
Comme beaucoup d’artisans de son âge,
il a suivi des études supérieures, et une fois son
diplôme d’informaticien en poche, l’amour du
métier l’a rattrapé. Le voilà donc reparti pour
suivre un CAP de tapissier. Après avoir passé
la plupart de ses vacances dans l’atelier de son
père, il a repris l’affaire familiale, il y a maintenant
onze ans. Mais son père n’est jamais bien
loin. Il a conservé sa passion du métier et son
fils est sa grande fierté. Il est souvent à l’atelier,
soit à retapisser un fauteuil, soit pour prendre
un petit café avec un de ses anciens clients ou
tout simplement pour garder la boutique, pendant
qu’Olivier fait un devis
ou une livraison.
Car oui, le papa d’Olivier
est le plus ancien commerçant
de Montmartre. Il a vu
le quartier évoluer, les commerçants
s’installer les uns après les autres.
C’est un peu la mémoiré vivante de la rue.