A l’orée d’une après midi qui s’annonçait extrêmement paisible au vu de la manifeste défection des clients ce lundi matin, je me dirigeai gaillardement vers le Bouquet afin d’ étouffer ce terrible gargouillis qui avait meublé ma matinée Les cris et éructations irradiant la salle réduirent à néant une quelconque corrélation avec l’art floral en général. Dans ce tohu-bohu ambiant ou les piliers du bar et autres béotiens s’esclaffaient à la moindre blague salace, je saisis assez rapidement que je m’étais quelque peu fourvoyé. Amis de la poésie bon appétit! En effet, il y avait tout lieu d’induire que le subtil bouquet de fleur ornant la façade n’était qu’un leur. Une fois à l’intérieur impossible de rebrousser chemin. Citant quelques incantations, je m’engouffrai dans la salle du fond avec la crainte de né pas pourvoir m’extirper de cette situation inextricable. Bigre! A ma plus grande surprise la salle consacrée au repas n’obéissait pas à la même thématique que celle du bar. Evidemment, j’avais toujours en ligne de mire un supporter olympien qui mimait la déculottée parisienne avec l’indication de ses virils attributs à l’appui. Toutefois le cadre différait sensiblement de celui du comptoir. Une décoration placée sous le signe du vieux paris de Yves Montand, agrémentée de ses ardoises de café d’une autre époque augurait un autre déroulement du repas. Focalisant toute mon attention sur l’éprouvé entrecôte frite à la sauce béarnais, je voyais enfin mes projets de repas se cristallisaient malgré mes réticences initiales. En m’acquittant de la somme de 11EUR, j’avais désormais toute licence pour dévorer goulûment mon entrecôte frite saignante à l’abri des élucubrations des supporters du classico. Assortie à la redoutable sauce béarnaise, ce repas s’apparenta comme le seul moment cathartique d’une journée émaillée de crises de narcolepsie à répétition. Indiscutablement, vous conviendrez qu’une bonne digestion né va pas de pair avec une bonne production au travailEt dire que j’ai failli opter pour la tartiflette bien plus revigorantemais ô combien plus dévastatrice pour les collègues qui prisent peu les expulsions de gaz intestinaux quand on est capitonné dans son bureau. Malgré une entrée et un comptoir sûrement importé d’un relais routier de la RN20, le bouquet s’illustre par la qualité de ses menus et par sa décoration sans prétention. Les bavettes, tartiflettes et autre bœuf bourguignon garniront joyeusement vos repas sans outrepasser vos limites budgétaires. Oscillant selon toute vraisemblance entre 10 et 13EUR il est sera aisé de donner congé des lieux en demeurant un carnassier pondéré mais aucunement fauché. D’autre part sachez que les assiettes sont pleines et que les demi sont servis à rabord, bref tous les ingrédients indispensables pour optimiser votre utilitémais pas celle de votre chère et tendre. Nous né leurrons pas les gérants du Bouquet né déploient pas des trésors d’élegance et de charme pour attirer la gente féminine.