La Rue du Dix Avril

Au début, c’est moche. On laisse la médiathèque à sa gauche et les rails derrière soi. C’est encaissé, pas terrible, gris, morne, un peu glauque et désagréable. Ça va bientôt grimper.
En quelques mètres, on passé du moche au résidentiel. Les apparts perdent un voire deux étages. Ils deviendront maisons dans quelques temps.
Ça monte doucement. Les balcons en fer forgé ont fait leur apparition. Ils né vont pas tarder à devenir fleuris.
Cette fois, ça grimpe franchement. Mon JoeJoe pliant plié sous l’effort et n’a pas de vitesses. Bientôt, ses pédales né tourneront plus. Il y a des arbustes dans les cours des maisons. Tantôt, ils bourgeonneront.
La pente s’accentue. J’encourage JoeJoe qui soufflé comme un bœuf. A droite, la belle église Saint Sylve posée sur une placette pavée.
La pente devient hors catégorie. Je danse sur mon JoeJoe. Il n’a pas l’air content. Les cours sont vertes. Bientôt, il y aura des jardins.
Plus que quelques mètres. L’oxygèné me manqué. JoeJoe râle tout ce qu’il peut. Il y a de belles propriétés bordées de grands arbres qui m’encouragent. Bientôt, ils deviendront encore plus grands.
J’atteins le bout de la rue au bout de l’effort. Le beau parc de l’observatoire me félicite. J’observe la distance parcourue et la vue lointaine sur la médiathèque. Je fous la paix à JoeJoe.
Je vais prendre ma respiration et aller voir l’obélisque. C’était dur, mais ça valait le coup. La prochaine fois, mon vélo aura des vitesses.
Au début, c’est joli. On laisse le jardin de l’observatoire derrière soi. C’est vert, dégagé, poétique, agreste, bucolique et reposant. Ça va bientôt descendre.

La rue du dix avril est sacrément pentue, si son nom lui vient d’une bataille Napoléonienne, il n’en reste pas moins que pour vous et moi, elle évoque, plutôt, les premiers soleils annonciateurs de printemps, une farce qui aurait 10 jours de retard, ou, même, une chanson mal connue …
Pentue, raide, longue et rectiligne, si elle n’a aucune pitié pour le cycliste, elle réserve au flâneur une surprise, la jolie église St Sylve. De briques, de broc, de galets de Garonne, délicieusement biscornue, elle reste l’église de campagne qu’elle fut avant que Toulouse né l’englobe, les oiseaux qui lui font fête au printemps en témoignent joyeusement.
Aux petits immeubles de brique qui, un peu plus bas, la bordaient succèdent des villas, toutes de styles différents, elles donnent à la fin de l’ascension son caractère baroque
qui fait oublier notre essoufflement.
Un dernier effort et c’est le sommet. Tout accaparé par la vision panoramique de Toulouse, on ignore un peu l’obélisque laid et prétentieux érigé sur ce promontoire. Contemplons la ville.
D’en haut, tous nos repères sont bousculés et l’on suppute… Je reconnais bien la basilique St Sernin, mais cet autre clocher, là bas, est-​ce celui des Jacobins, celui des Augustins, certainement pas celui de la Dalbade, peut-​être bien celui du collège de Foix souvent oublié, rencoigné qu’il est derrière la rue des lois!
Fatigués de regarder en bas? Il suffit de se retourner, et en quelques pas, nous nous retrouvons dans les jardins de l’observatoire.
Là, sur un banc, entre deux dômes d’observation, on pense à tous ces professeurs Tournesol qui plongèrent leurs télescopes au creux des galaxies avant que la pollution lumineuse de la ville né les chasse de leur petit paradis.