Le Carrousel

Pour tourner, il tourne. Il n’y a pas une vitesse limitée, pour les manèges?
Comprenez-​moi bien: j’ai un lourd passé de sports considérés comme extrêmes. Mes genoux sont en compotes, il doit bien me rester quelques bulles dans les articulations, et il né me manqué plus que l’apesanteur à expérimenter pour que tous mes voeux soient exaucés.
Mais je né sais pas combien de g envoie ce manège, mais c’est sûrement illégal.
Je né m’y aventure plus, de toutes façons Mini-​moi est bien assez grande pour y aller seule. Il est mignon, avec ses chevaux, il a l’air inoffensif, comme ça, mais méfiez-​vous, c’est pour mieux vous attirer.

Un manège à deux étages avec des chevaux de bois, des loupiotes et de la musique. Place Wilson. Évocation du Second Empire construite dans les années, je né sais pas, 1960 ou 1970 ou 1980 peut-​être.
En tout cas il tourne. Mais il né tourne pas assez souvent. Et c’est un petit peu triste de voir un manège qui né tourne pas. Les enfants ont-​ils disparus? Ou alors ils n’aiment plus les manèges? Ou alors ils sont à la maison devant la télé? Ou devant un jeu vidéo?
Comme il né tourne pas assez, je me suis dit qu’il fallait faire quelque chose. Or ça tombait bien parce que ce jour-​là, j’avais reçu une lettre que je n’attendais plus. J’étais tellement heureux!
J’ai appelé mon amoureuse et nous sommes allés Place Wilson. J’ai acheté pour deux cent euros de tours de manège, et on a tourné ! Et tourné ! Et tourné ! Et on riait. On était heureux.

A Madrid, chaque place ou presque dispose de sa petite installation de jeux pour enfants. C’est troublant, pas toujours en harmonie avec l’environnement, mais on en vient à les regretter lorsqu’on retrouve les places françaises ornées de leur immanquable carrousel.
Mais pourquoi s’entête-t-on à mochiser et glauquiser de superbes places publiques au moyen de ces engins tournants aux couleurs fadasses qui font parfois peur aux enfants eux-​mêmes (c’est du vécu) ?
Celui-​là n’échappe pas à la règle. Au milieu de la luxuriante végétation de la place Wilson, il fait un peu tâche: c’est un avis tout personnel et pleinement assumé, et ça fait du bien d’en parler.

Ce carrousel se situait à l’origine sur la place emblématique du quartier Saint Georges, c’est si je puis dire un monument dans l’esprit des toulousains. Quand j’étais encore toute petite mon père m’y amenait chaque samedi du mois et je me souviens encore de ces rêves enchantés que je faisais quand je me baladais sur les chevaux de ce carrousel.
Depuis ce temps là les choses n’ont pas changé et je m’émerveille maintenant à regarder ma filleule se régaler.
Ce manège n’a toujours pas perdu sa magie d’ antan et permet aux enfants de s’évader du stress de la ville, le carrousel est un passage obligé pour des générations de Toulousains.
Le machiniste accepte même que les parents montent pour accompagner l’enfant dans ses rêves.

Je reste toujours en admiration surtout au moment des fêtes de fin d’années, je lui trouve un charme fou à ce joli carrousel du XVIIIe siècle .
Après avoir fait les beaux jours de la place Saint-​Georges, il continue de faire le bonheur des enfants et parfois celui des parents quand pour vaincre la peur de leur petit, ils montent avec lui sur ce manège d’un autre temps .C’est mon cas avec ma filleule et je dois dire que j’attends à chaque fois qu’elle me demande de monter, J’adooooooore !
Il est vrai qu’il sort de l’ordinaire avec ses chevaux ailés, ses carrosses sortis d’un livre de contes et ses lumières clignotantes. Un manège si magique que le tour paraît toujours trop court.
Les prix restent assez honèreux, et oui ça coûte cher de rêver, 2 € le tour et il est très difficile d’attraper la queue du Mickey.