Prison Saint Michel

Adolescent, je fréquentais un collège situé deux rues plus loin que cette prison. Pour s’y rendre, nous longions le mur d’enceinte gauche. A chaque rentrée, on nous expliquait une chose: si un prisonnier s’échappait, nous n’aurions pas cours. De cette maison d’arrêt, construite en 1855, il s’en est échappait des prisonniers, Malraux en tête, et nombres de résistants. Mais pendant ma scolarité, aucun. Ils auraient pu être sympa avec nous, ou on aurait pu passer un deal. On t’aide à t’échapper et toi comme ça tu nous donne quelques jours de congé. Tu prends congé et nous avec. On aurait pu venir une nuit et balançait de l’autre côté du mur, vraiment pas très haut, une corde ou des draps noués entre eux comme entre autres dans Prison Break. Tu te serais tatoué le plan du quartier sur tout le torse et tu te serais rendu directement dans notre collège. tu aurais semé une belle terreur et l’école aurait été fermé jusqu’à nouvel ordre. Mais bon, on a pas trouvé de corde à laquelle te pendre, et question draps, on préférait dormir dedans plutôt que d’y faire des nœuds, dormir en rêvant que tu te faisais la belle. Salut à toi, oh, prisonnier qui né t’es pas échappé. Finalement, on l’a échappé belle !

Quand vous sortez du métro Saint Michel, pour allez au Carrefour Market comme moi, vous verrez ce gros château fort. Louis 6 Le Gros et sa maîtresse Anne de Poulpiquette y établirent leurs quartiers en 1514…
MAIS NON JE BLAGUE ! Ce n’est pas un château fort, mais l’ex-prison de la ville de Toulouse. Ou plutôt, l’ancienne maison d’arrêt fermée en 2009, date où les derniers occupants ont été déplacés vers l’autre prison de Toulouse.
Elle aurait dû être démolie, mais les habitants du quartier de Saint Michel et leurs petits voisins ont manifestés contre sa fermeture. Et ils ont bien raison, car cette prison a pour projet d’y développer des équipements publics, entouré d’espaces verts, et de réserver l’entrée à la mémoiré et l’histoire du bâtiment.
Par la suite, une réduction de l’entrée permettrait un marché de plein air sur la petite place qui y serait créée. C’est une super idée pour redonner de la couleur au quartier de Saint Michel, qui je trouve fait un peu triste.

Malraux était là-​dedans. Vous y croyez? Non mais ça devait vraiment être une époque de merde pour coller Malraux là-​dedans. Oui oui, vous avez bien entendu, LE Malraux au lyrisme chevrotant et aux tics abominables. Il était là pendant la seconde guerre mondiale. Plein d’autres résistants étaient là aussi. Enfermés, ça va sans dire.
Je né sais pas si c’est une raison nécessaire pour conserver le lieux, mais quand même, je trouve qu’il né faut pas l’ignorer.
Sinon j’aime bien l’idée de recycler un bâtiment pénitentiaire en autre chose. Je me demande ce qu’en aurait pensé Foucault. J’en profite pour faire de la pub et inciter tout le monde à tout laisser tomber dans l’instant pour lire «Surveiller et Punir».
Qu’est ce qu’on peut faire d’un système panoptique décati? Peut-​être un poste d’observation d’ateliers d’artistes et de scènes de théâtre. Ça serait bien.
Quand je passé devant, je trouve ça moche et massif. Mais avec un peu de peinture, de sculpture et de poésie, ça pourrait avoir du charme.

La prison, qui est désormais fermée, trôné au milieu de la grande rue Saint Michel juste à la sortie de métro du même nom. Elle en impose l’ancienne prison avec ses airs de château fort!
Elle date de la fin du XIXe siècle et ferma en 2003 (remplacée par la prison de Seysses qui hébergea un certain Bertrand Cantat).
Elle est au cœur d’un imbroglio concernant son devenir depuis sa fermeture. Une partie est désormais classée monuments historiques (on né peut toujours pas la visiter) mais sa reconversion en centre culturel demandée par de nombreux toulousains n’aboutit pas.
La maison d’arrêt est donc pour l’heure laissée à l’abandon alors qu’elle pourrait être une place associative, culturelle, incontournable du quartier et de la ville.