Au Portugal, les Pastelarias c’est un peu comme les fast-foods aux USA, les bistrots en France, les Pubs en Irlande ou les restaurants de tapas en Espagne: Il n’y a pas une seule rue digne de ce nom qui n’ait la sienneDifficile par conséquent de faire un choix, donc autant se laisser porter par le hasard et opter pour celle qui a son pignon juste au-dessous de la fenêtre de notre location estivale, la Pasteleria Cindy, lote 9 au n°4 de la rue Vicente Campinas, à Vila Real de Santo Antonio.(Voir photo ci-dessous) Bonne pioche puisque dès le 1er matin, un petit guide du Portugais de Poche avec le B-A.BA vital pour sa survie à la main on commande laborieusement en articulant Dois cafés com leite com um pouco de pão e um pouco de manteiga faz favor:(Ça parait peut-être facile à lire comme ça, mais à prononcer c’est une autre paire de manches Doïïïche cafesse etc.) Pour le prix imbattable de 3EUR80 on a droit à deux verres de café au lait avec de grandes tartines grillées de pain maison toastées au beurre salé, mais avec cette dextérité locale que seul un atavisme hérité depuis des générations permet: Parvenir à beurrer liquidement les tartines sur les deux tranches et de nous les apporter toutes chaudes, imbibées de ces dégoulinantes et minuscules calories blondes, délicieusement grasses qui s’infiltrent en ruisselant dans chaque interstice de la mie de pain doréeEt par transitivité dans les culottes de cheval ou les poignées d’amour selon votre genre, mais ça c’est une autre histoire(Voir photo ci-dessous) L’effet concluant de cette première expérience gustative matinale nous a conduits à la réitérer le soir au retour de la plage, mais en remplaçant cette fois le pain par des Pasteis de Natas et autres pâtisseries du même cru à se rouler par terreEt par cette même transitivité calorique très énervante c’est exactement ce qu’on aurait pu faire à la longue de nos corps, telles barriques en pentes douces, si l’on avait continué ce régime hyper glycémique toute l’année.(Voir photo ci-dessous) Mais quinze jours de congés c’est tout juste le temps nécessaire pour prendre nos habitudes, sympathiser avec notre serveuse attitrée dont les 5 années qu’elle avait jadis passées en France lui avait laissé d’excellents souvenirs de notre langue; c’est aussi le temps d’apprendre que Galão com Torrada c’est bien plus rapide et plus terroir que Dois cafés com leite com um etc.; le temps d’apprécier chaque jour davantage la terrasse ombragée par les arbres d’où bruissait chaque soir l’assourdissante cacophonie des centaines de moineaux qui les squattaient au crépuscule; le temps de reconnaître les habituées des lieux; majoritairement des mamies aussi burinées que bavardes qui n’avaient de cesse de refaire le monde entres elles dans un autre brouhaha, tout aussi incompréhensible aux consonnes riches de zzz, de chhhh, de longues voyelles diphtongues ouvertes, d’accents toniques appuyés et de syllabes avalées; le temps de comprendre que si les colombes sont si nombreuses c’est qu’au pied de chaque arbre on y dépose pour elles des graines et des abreuvoirs improvisés dans des culs de bouteilles plastique; le temps de réaliser que si rien né traîné jamais par terre c’est que le ménage et le balayage en continu des trottoirs constituent un autre atavisme lusitanien ; bref le temps de réaliser que les 10 m de la terrasse de Cindy, c’est tout simplement un petit concentré de tout le charme du Portugal qu’elle nous offre avec la gentillesse de son accueil quotidien.