Bar Le Stadium

C’est un troquet à la façon seventies, quand on jetait les vieux meubles et préférait au zinc le révolutionnaire formica.
On entre dans le tabac et on s’enfonce vers le comptoir et la petite salle de restaurant au fond, dans une lumière tamisée.
Ce n’est pas un bistrot de jeunes mais au contraire de vieux habitués, de livreurs et d’ouvriers, de lecteurs du canard local au comptoir devant un petit noir.
J’adore venir y attendre la sortie de l’école du tout petit, en fin de matinée, où j’apprécie l’accueil sans manières et insolite dans ce quartier où se multiplient les salons de thé… euh, les Tea Rooms et autre bars à soupes ou à salades, pardon.

Le bar Le Stadium est situé juste en face du nouveau palais de Justice («Palatz de Justícia «pour l’arrêt de métro en occitan).
J’y allais souvent pour acheter des clopes en rentrant de l’ICT après les cours. Cet endroit c’est un petit peu le témoin d’un temps passé, celui des «bars tabacs «. Ils se font de plus en rare, et celui-​ci est l’un des derniers rescapés de Toulouse.
Ici les habitués semblent faire partie des murs. Ils sont là le matin, entre midi et deux, et le soir. L’accueil est plutôt sympa et l’ambiance caractéristiques des bars tabacs de campagne.

Je né vais pas mettre 5 étoiles au PMU du coin où j’achète occasionnellement mes clopes. Faut pas exagérer.
On y rentre plutôt pour ses paquets de cigarettes et son tabac à rouler. Mais certains s’obstinent à y passer la journée. Les petites tables dehors sont souvent occupées par les habitués de ce bar-​tabac de jour. Les propriétaires du bar ont changé depuis 2009. Avant c’était un couple, parti après 23 ans de bons et loyaux services dans cet établissement.
Le Stadium, c’est LE vrai bar de quartier, où l’on croise le cadre sup’ qui habite à côté et passé saluer le patron en prenant un café, aux habitués qui trainent toute la journée sur la terrasse à regarder les gens passer, on rencontre aussi l’avocat qui travaille juste à côté et les magistrats qui sorte du boulot, se mêlant aux couches les plus démunies de la population du quartier. Moi j’y passé de temps en temps pour acheter un paquet, mais très rarement. L’accueil est normal, ni trop ni pas assez.
Un vrai bar, un peu comme à la campagne, où tout le monde se connait. Depuis le changement de proprio et après 23 ans de relation avec les anciens proprios, c’est sur que les liens entre ceux qui ont repris l’affaire, et les habitués, sont différents. Mais j’ai toujours le sourire aux lèvres quand j’y passé et croise un petit vieux, à moitié éméché, qui me dit «Bonjour Mademoiselle», les yeux dans le vague.