Les Sœurs de la Perpétuelle Indulgence

Lille et sa communauté gay … entre clichés, préjugés, découvertes et habitudes, chacun trouvera son chemin, plus ou moins éthique, plus ou moins dans l’air du temps.
N’ayant finalement jamais réussi leur coming-​out aux yeux du grand public, les Soeurs sont une drôle de communauté. Drôle au sens extravagant et extraverti. Croisez les dans la rue, jetez un oeil à leurs sites ou à l’écoute d’un proche qui s’est déjà vu interpellé, vous n’en croirez pas vos mirettes, ni vos cages à miel.
Que ce soit par l’humour ou la culture, la finesse ou la manière moins fine, ce groupe international lutte au gré des ans contre toute forme d’exclusion. Cela sans opportunisme, ou autres trucs en –isme.
Reste à se faire connaître mes soeurs … est ce finalement possible, quand notre personne est haute en couleur, de se faire un public averti parmi la morosité publique?

Quand j’ai débuté ma vie lilloise, j’ai assez vite entendu parler d’un truc qui a intrigué mon côté humaniste plus «rentrons dans l’lard «que «chantons We are the world devant la cheminée «. Je prenais le goûter chez des amis. L’un d’eux m’a sorti, au détour d’un café, de deux tranches de pain d’épices et d’une ribambelle de cancans inutiles «Je me suis marié avec mon homme, les bonnes sœurs nous ont fouetté allègrement pour expier toute trace de culpabilité malsaine. C’était mon deuxième mariage, le premier, c’était avec ma meilleure amie. «
Sur le moment, je n’ai pas bien saisi quelle pilule il avait avalé. Il m’a alors expliqué.
Les Sœurs de la Perpétuelle Indulgence sont nées à San Francisco, il y a une trentaine d’années, habillées en robes de nonne, en bottes à plateformes ou à talons aiguilles sans jamais oublier leur maquillage carnavalesque. Depuis, l’Ordre s’est répandu dans plusieurs coins du globe, a atterri en France et a posé ses valises ici, à Lille.
Le but commun des couvents? Chasser tout sentiment de honte et de culpabilité chez les homos, de malaise chez ceux qui obtiennent un «passable «au test de la tolérance et de prêcher le vivre ensemble et l’utilité du Safe Sex, depuis l’apparition du SIDA… Pour mémoiré, c’est juste le premier collectif gay à avoir organisé un gala de charité pour promouvoir la lutte contre ce fichu vilain.
Entre autres activités d’écoute, de dialogue et de happenings festifs en tous genres; derrière la forme aux traits euphoriques et au coloriage chatoyant, un fond très sérieux. L’Ordre a un lourd message à faire passer. Les Sœurs s’amusent et amusent mais elles dénoncent, aussi. De façon brillante et hilarante. Elles défendent un tas de valeurs qui seraient peut-​être universelles si tout le monde chantait We are the world devant la cheminée.
Les libertés individuelles et collectives, de la tolérance et du vivre ensemble, de la lutte contre la xénophobie, la misogynie, l’homophobie, la mysanthropie et toutes leurs copines en –ies, voilà ce pour quoi elles luttent.
Un fabuleux délire grandiloquent avec un cœur gros comme ça. Tintin, ça fait du bien, des fois.
PS: Le Couvent du Nord fait fi des limites terrestres. Cherchez le bien, vous le trouverez un de ces jours. Vous pourriez bien croiser quelques nonnes du côté du zoo, un soir, ou du côté de Moulins, rue de Condé. Rassurez-​vous, elles sont disponibles et peuvent être contactées très facilement, que vous soyez dans le besoin ou juste intéressé par leur boulot. Un clic sur leur site, et vous en saurez plus.
L’adresse et le numéro donnés sont ceux du QG de J’en Suis J’y Reste.